Peio ETXELEKU

Notre Hommage : Peio Etxeleku est devenu avec Pierre Oteiza (deux Pierre) la figure la plus médiatisée de nos producteurs agroalimentaires basques.

Il gère très bien son image qu’il n’hésite pas à mettre en avant pour mieux faire connaître ses produits, aux quatre coins de France et au-delà.

Il a raison, car son image est légitime. Tout comme ses produits, Peio Etxeleku reste authentique, son abord est franc, direct, avenant. Tout comme ses délicieux fromages qui ont remporté des prix sur tous les continents, dont celui du meilleur fromage du monde, il cherche par cet engagement personnel à communiquer vrai sur un marché complexe, où il faut gagner en lisibilité sans perdre ni son identité ni son âme.

Lorsque l’on écoute ce fils de berger trop tôt disparu en 2012, ce cher Jean Etxeleku qui a fondé le groupe Agour en réunissant dès 1981 de petits producteurs laitiers d’Hélette pour sauvegarder l’emploi, on est frappé par sa pensée fluide, son intelligence structurée, la voix grave et agréable de conteur qui la transmet, et sa vision globale du Pays Basque portant à la fois une réflexion rationnelle sur les enjeux économiques et un regard plein de tendresse pour sa culture, sa langue qu’il parle parfaitement, et son histoire.

Nous le savons, les bergers savent compter, c’est le coeur de leur métier s’ils ne veulent égarer les bêtes, et Peio Etxeleku a hérité de ce don ; une faculté qui l’aide dans l’industrie du fromage, quand il faut négocier au centime près avec des acheteurs formés pour être des loups qui se moquent bien de la qualité des produits, car ils achètent souvent un prix avant d’acheter un produit.

C’est également ce goût des chiffres qui pousse cet ancien étudiant de l’ESSEC à diversifier son groupe dans le jambon, la biscuiterie et les glaces, car il sait que le succès du Pays Basque est aussi sa menace si on laisse son image usurpée par des producteurs non basques qui n’hésitent pas à mettre un lauburu et un ikuriña sur une boîte made in China pour vendre n’importe quoi.

Cette situation de marché oblige donc les producteurs locaux à se démarquer de leurs concurrents opportunistes en défendant une production responsable, en choisissant des fournisseurs issus des 158 municipalités basques, en harmonisant des cahiers des charges visant l’excellence, et en axant leur communication sur les AOC, les AOP et la traçabilité de leurs produits. Car rien ne sert d’avoir le meilleur fromage, jambon, ou pâté du monde, si personne ne le sait, ou s’il n’a pas les moyens de se démarquer à côté du packaging racoleur d’un produit bien moins bon, un produit “basque” fabriqué dans les Landes, le Béarn, ou la Normandie…

Peio Etxeleku sait que le Pays Basque doit rester fort, uni, audacieux. Il a d’ailleurs été très tôt favorable au projet de Communauté d’Agglomération Pays Basque et reste un grand défenseur d’un rapprochement avec le Pays Basque Sud qui est un territoire fier ayant désormais une renommée mondiale et une stratégie de développement global à vingt ans.

Ainsi, au-delà du fait que Peio Etxeleku affine d’excellents fromages avec les équipes d’Agour, nous reconnaissons en lui un observateur inspiré de notre société, doublé d’un entrepreneur impliqué qu’il faut savoir écouter si l’on veut comprendre et aider le monde agricole et agroalimentaire basque à rester indépendant, prospère et fier de ses produits à l’avenir.

© Franck Sallaberry pour Pays Basque Excellence/ Crédit Photo : Merci au Journal Sud Ouest !

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