Distingué au titre de ses qualités humaines, de ses talents d'ambassadeur du surf, pour son audace d'éditeur de magazines, son style journalistique et pour son regard de réalisateur de fictions cinématographiques.

NOTRE HOMMAGE : Quand Abraham Maslow a posé les bases de la psychologie humaniste, positive, et transpersonnelle, il souhaitait se différentier de la psychanalyse et des behavioristes, et proposer des approches thérapeutiques basées sur les ressources psychologiques des êtres humains, leurs forces et leurs ambitions, plutôt que sur leurs faiblesses, leurs névroses et leurs maladies.

Issu d’un milieu pauvre, une famille de sept enfants de Brooklyn, Abraham Maslow était particulièrement fasciné pas ses professeurs de l’université de Stanford et Brandeis. Des wasps élégants, sportifs, célèbres dans leurs disciplines, à la tête de familles nombreuses, et visiblement heureuses…

Ainsi, il a eu l’idée de les observer pour savoir ce qui faisait qu’un être s’épanouit dans la vie, atteint ses objectifs et s’approche du bonheur… Ainsi Abraham Maslow est à l’origine de la psychologie positive qui sera officiellement promulguée par Martin Selligman en 1998 et qui inspire le monde depuis.

Pourquoi cette référence à la psychologique ? Nous demanderez- vous… Et bien parce que Gibus de Soultrait nous fait penser aux professeurs d’université qui inspirèrent Abraham Maslow en son temps.

Tout le parcours de vie de Gibus de Soultrait est pour nous une source d’inspiration… De son initiation au long board au club de plage des Alcyons à Guéthary, au milieu des années 60, alors qu’il n’a que dix ans, par des surfeurs américains et australiens, à la création de Surf Session en 1986 avec Pierre Bernard-Gascogne, à la création en 1990 de Surfrider Foundation Europe avec un gang de surfeurs comme Tom Curren, ou à la direction de l’édition française du Surfer’s Journal depuis 1994… Sans parler de sa passion pour le cinéma et de la qualité et de l’originalité de ses courts-métrages.

De la même façon que nous ne pourrons jamais mesurer l’immense influence de la culture surf dans le main stream de la culture Pop mondiale, et même dans les sciences ou le management, la métaphore de la vague ayant été reprises des milliers de fois dans différents modèles d’analyse des phases d’évolutions technologiques, nous ne pourrons pas mesurer l’immense contribution de personnalités comme Gibus de Soultrait autant sur le plan sportif, que journalistique ou même que psychologique, social ou philosophique…

En effet, cet homme qui pourrait être le quatrième frère Wilson des Beach Boys, ce travailleur acharné qui n’a jamais oublié de vivre et de profiter des versants épicuriens de la vie, cet éternel adolescent qui démontre avec humour et comme Joël de Rosnay que le surf, l’amour des autres et une vie professionnelle animée par la passion sont les meilleurs remèdes contre le temps, est un modèle d’autant plus accompli qu’il est aussi modeste que talentueux.

Merci donc monsieur de Soultrait, d’incarner une forme d’accomplissement personnel, sociétal et professionnel, et merci d’avoir contribué à faire de la côte basque, même si le succès l’a parfois dépassée, la terre d’un surf respectueux de la nature et d’une vision spirituelle de cette pratique qui tient davantage de la discipline existentielle que du sport tendance.

Nul doute que s’il vous avait connu, Abraham Maslow aurait fait de votre cas, un inspirant sujet d’étude, et un modèle d’accomplissement humain.

© Franck Sallaberry pour l’Institut Pays Basque Excellence.

VOUS

Quel héros vous fascinait quand vous étiez enfant ?

J’avais le malheur d’être un très bon élève, très en avance puisque je suis rentré en sixième à neuf ans. Je passais ma vie dans les livres et mon héros était Robin des Bois. Utiliser sa force, sa ruse et son courage physique pour défendre les autres et non soi-même, je trouvais cela extraordinaire.

Quelles sont les valeurs qui vous sont essentielles ?

L’amitié et le doute. J’ai connu mon meilleur ami sur les bancs du cours préparatoire, il y a soixante ans. Nous ne sommes absolument pas d’accord politiquement et nous nous offrons de belles prises de bec, mais il peut me demander n’importe quoi et je serai là dans la seconde. Même chose pour mes amis du rugby, que je connais pour la plupart depuis quarante-cinq ans. Décider de laisser un ami sur le bord du chemin, parce que nous ne sommes plus compatibles, est la chose la plus difficile qui soit pour moi. Le doute est aussi une valeur essentielle, sans doute parce que dans les milieux du journalisme et de la politique, j’ai trop côtoyé de claironnantes certitudes. C’est le doute, la remise en cause permanente de ce qu’on croit savoir et comprendre, qui permet d’avancer dans l’existence. Mais doute ne veut pas dire indécision. En bon talonneur, une fois la décision prise, je sais être fonceur.

Quel souvenir aimeriez-vous laisser à ceux que vous aimez ?

Cabochard, colérique, capable d’une mauvaise foi abyssale, j’accepte complètement ce jugement de mes proches, du moment qu’on me reconnaît sincère dans ce que je fais. Ma grande fierté est d’aimer la même femme depuis trente-cinq ans, moi l’enfant de divorcés. Quant à ceux qui me lisent, j’espère qu’ils me décernent mentalement le titre de « vieillard le plus emmerdant de Biarritz ». J’ai quelques concurrents, mais d’après Veunac et Lafite, je suis en très bonne voie.

VOTRE TRAVAIL

Quel a été votre premier job dans la vie ?

Le plus gros producteur de fraises et framboises d’Europe se trouvait dans le village charentais où j’ai été élevé. Naturellement dès quatorze ans j’y ai travaillé pendant les vacances. Comme ma mère nous élevait seule, j’ai cumulé les petits boulots pour financer mes études, déménageur, pompiste, vendangeur, figurant dans les opérettes au théâtre municipal de Limoges, aide-cuisinier dans un restaurant parisien. Ne cherchez pas ailleurs mon ancrage à gauche. J’ai pu constater personnellement que l’imagination des patrons pour entuber leurs salariés était sans limite. Parfois, j’ai été obligé de faire le coup de poing pour défendre mes intérêts. J’en suis fier.

A quoi ressemble une de vos journées ?

À rien, puisque c’est quand j’ai l’air de ne pas travailler que je travaille le plus ! J’ai la chance de peu dormir, ce qui me fait gagner du temps. Ensuite, quand j’ai un article difficile à rédiger ou quand j’écris un livre, je pars me promener ou faire du sport pour « écrire » mon papier dans ma tête. En fait, je suis physiquement présent quelque part, mais souvent totalement absent, ce qui est pénible pour mon entourage. Ma femme me surnomme « la fée du logis » et je crois bien que c’est moqueur. En fait, je cherche le titre qui va faire rire, l’attaque qui va surprendre, l’expression insolite. Je ne me mets devant l’ordinateur que quand tout est en ordre dans ma tête.
Ensuite, comme tous les pères, je consacre beaucoup de temps à mon dernier-né, l’association RamDam 64-40, une association de citoyens décidés à se faire entendre. Il y a tellement de politiques nécessiteux que nous sommes obligés de nous montrer économes de notre vindicte ! Nous sommes désormais plus de cinquante membres, de tous bords politiques, à surveiller de près la vie publique de notre territoire des Landes et Pyrénées-Atlantiques. Nous avons parfois des engueulades magnifiques, mais qu’est-ce qu’on apprend, qu’est-ce qu’on progresse avec cette petite école de lanceurs d’alerte. Et quel plaisir de remettre aux politiques les plus talentueux chaque année, les klaxons d’or, d’argent et de béton !

Quelles sont les qualités professionnelles que vous appréciez ?

Le talent, parce que je suis un besogneux. Et j’aime aussi l’audace, l’esprit de recherche, la volonté de sortir des sentiers battus et de ne pas servir une soupe tiède aux lecteurs. Je crois au journalisme de combat, pas au journalisme de constat.

VOTRE PAYS BASQUE

Quel est votre meilleur souvenir au Pays basque ?

Je viens ici depuis 1969 et j’ai envie de dire que mon meilleur souvenir, ce sont les hommes qui peuplent le Pays basque. Pour parodier Mitterrand parlant de Roland Dumas et de Robert Badinter, j’ai eu Paris pour le tordu et j’ai le Pays basque pour le droit. Tout n’est pas parfait, sinon ce ne serait pas une société humaine, mais derrière une certaine rudesse liée à des caractères bien tranchés, il y a de la droiture, de la chaleur humaine et de la fidélité. Je plains les néo-retraités qui se sont installés ici uniquement pour la carte postale et qui mourront sans avoir compris quoi que ce soit à ce pays.

Quels sont les endroits que vous aimez fréquenter ?

C’est un émerveillement chronique d’habiter au quotidien une région qui fait rêver tous ceux qui s’y précipitent pour les vacances. J’aime tout au Pays basque, mais je crois que ce que je préfère, c’est décembre ou janvier au large de Saint-Jean-de-Luz à pêcher la daurade avec les copains. L’air est cristallin et débarrassé de toute brume de chaleur et la neige souligne délicatement les sommets pyrénéens. D’accord, parfois on se fait bien secouer par l’océan et il ne fait pas toujours très chaud, mais un bonheur ne saurait être parfait.

À quoi ressemblerait votre Pays Basque Idéal ?

Votre réponse

VOTRE QUESTION

Quelle question aimeriez vous poser si vous étiez sûr(e) d’avoir la réponse ?

Quelle malédiction frappe Biarritz pour avoir hérité d’un duo aussi improbable que Michel Veunac et Guy Lafite pour diriger cette ville ? Aurons-nous un jour un maire et un premier adjoint qui tiendront compte de leurs administrés ?