Bruno CARRÈRE - Pays Basque Excellence
Distingué pour ses qualités personnelles, pour sa connaissance de la société basque, et pour sa mission de conseiller culturel au sein de la Communauté d'Agglomération Pays Basque, et pour avoir dit non à la spéculation à Ustaritz.

Notre hommage : Bruno CARRERE est maire d’Ustaritz, et conseiller délégué en charge des partenariats culturels, de l’enseignement artistique et du patrimoine culturel à la Communauté d’Agglomération Pays Basque.

Un poste d’autant plus important que la société et l’identité du Pays Basque se diluent et se fracturent à mesure que son succès attire de plus ne plus de retraités aisés qui font exploser les prix de l’immobilier, et de personnes en difficulté, souvent arrivant sans emploi, en quête de logements sociaux… Ainsi, selon une association comme Atherbea qui fait un travail formidable dans le logement des plus démunis, le Pays Basque reçoit 4000 nouveaux arrivants par an, soit deux fois la population d’un village comme Itxassou…

Ces réalités peuvent déranger, ce sont des réalités, et soulèvent des questions cruciales pour l’avenir.

Tandis que la A du BAB se bétonne d’une façon frénétique, se couvrant chaque jour de nouveaux cubes sans identité que l’on pourrait trouver partout en France, et alors que pour atteindre les 25% de logements sociaux les équipes professionnelles des bailleurs sociaux de l’Office 64, de l’Habitat Sud Atlantic ou du COL sont aujourd’hui en compétition avec les promoteurs privés pour la recherche du foncier qui ne cesse d’augmenter, nous pouvons nous interroger sur le grand dessein derrière tout cela ?

Est-ce que la vocation du Pays Basque est d’accueillir tous ceux qui veulent y vivre, au détriment de ce qui y vivent déjà ? Dans quelles proportions et jusqu’à quelle limite ? Pour enrichir qui ? Une poignée de grands promoteurs au détriment du reste de la population ? Est-ce raisonnable quand on n’a plus les moyens de gérer les bouchons récurrents, et que les centres de traitement des eaux usées sont saturés désormais quasiment toute l’année ?

Nous sommes également en droit de nous demander quels sont les critères d’attribution des logements sociaux sur l’agglomération, car s’ils ne profitent pas en priorité aux natifs qui ont de plus en plus de mal à se loger, sachant que 60% des ménages locaux sont admissibles aux logements sociaux, il risque d’y avoir très vite de fortes tensions entre les nouveaux arrivants qui y ont priorité sur la base de critères sociaux de précarité et les ménages de la classe moyenne locale, au SMIC, qui eux attendent parfois des années… Davantage de transparence ne nuirait à personne, et éviterait une implosion de la société basque et beaucoup de scandales si les choses n’étaient pas justes…

Conscient de tous ces problèmes et de la puissance de la demande et de la spéculation qui se répondent, Bruno Carrère a eu un geste qui force notre admiration :

Il a déclassé des terrains constructibles, en terrains agricoles ou naturels, et donc inconstructibles… Près de 400 maisons concernées, plus de 700 parcelles….

Alors, certes, nous comprenons la colère de certains habitants dont la valeur des terrains va passer de 300 à 3 euros le mètre carré, mais cette décision par son exemple est salutaire pour l’ensemble de notre Pays.

En effet, d’abord, nous pensons que pour les propriétaires qui ont un projet familial, c’est à dire donner des terres à leurs enfants pour faire construire, un arrangement devrait se trouver, nous faisons confiance à monsieur Carrère.

Mais pour tous les autres, qui comptaient spéculer et vendre aux plus offrants, nous avons envie de répondre ce que j’entends hélas trop souvent, et souvent des gens de l’extérieur qui viennent d’acheter ” Nous lisons que le Pays Basque n’est pas à vendre, c’est curieux, car ce sont bien vous, les Basques, qui le vendez…”

Ce genre de réflexions nous blesse d’autant que c’est parfois vrai, et parfois compréhensible :

Quand une famille de quatre ou six enfants vend une ferme, car aucun des héritiers n’est exploitant agricole, comment ne pas vendre ?

Quand une veuve ou un veuf meurt et que ses enfants ne vivent plus au pays, comment ne pas vendre ?

Mais quand des gens qui n’ont que la soi-disant fierté d’être des Basques à la bouche vendent au plus offrant sans même donner à leurs descendants la priorité et un rabais sur l’achat, il est difficile de s’émouvoir. Voyez aujourd’hui en conséquence, le nombre de jolies maisons que l’on rase pour en faire des résidences sans âme, et imaginez le profit du promoteur qui transforme comme par magie une maison familiale de plain-pied en douze appartements sur quatre étages…

Aussi, on pourrait couvrir le Pays Basque de logements sociaux qu’on ne pourrait jamais loger les enfants du pays s’ils n’ont pas la priorité sur les nouveaux arrivants et qu’ils sont obligés de s’installer toujours plus loin dans les terres, faisant ainsi exploser le prix des terrains dans l’intérieur… Ceci n’est pas le cas en Alsace, en Bretagne, en Corse ou en Ardèche, des territoires qui défendent mieux les leurs en affichant une préférence affirmée et jugée naturelle pour le logement prioritaire de leurs natifs.

Hélas, dès que l’on avance ce genre d’argument, on prend le risque d’être taxé de xénophobie, alors que l’idée défendue ici relève du culturalisme, un courant sociologique plutôt de gauche, qui défend le droit des peuples à vivre sur leur terre natale et celle de leurs ancêtres, et pas de s’en faire chasser par le pouvoir de l’argent en baissant la tête comme tous les peuples colonisés et exploités du monde… Or, il nous semble que de tous les critères, la préférence aux natifs du pays n’est pas le plus injuste, c’est l’inverse qui le serait… Et le discours qui tend à vouloir effacer les cultures, les différences et les identités, collectives ou individuelles, au nom d’une certaine conception de l’égalitarisme, que nous pouvons comprendre dans son côté bienveillant, peut se révéler dangereux dans ses excès, car vouloir gommer les différences c’est justement cela qui relève du totalitarisme. Effacer les cultures alternatives, exotiques, locales, ou natives au nom d’un bonheur collectif préfabriqué qui s’est vite transformé en cauchemar collectif a toujours été la stratégie des régimes fascistes ou soviétiques.

Nous ne sommes pas contre la différence, nous voulons juste défendre la nôtre, cette culture que tout le monde envie au point de venir la chercher massivement chez nous, au risque de bouleverser nos grands équilibres démographiques, immobiliers et culturels et ainsi la faire disparaître, s’il n’y a aucune régulation, ou aucun sursaut politique fort…

Ceci d’autant que l’injustice est également manifeste au niveau professionnel : les plus gros promoteurs de France, conscients de l’aubaine basque, sont en train de remplacer avec des moyens surdimensionnés et des méthodes persuasives d’obtention de marché, les petits constructeurs locaux qui veulent défendre l’architecture basque, mais ne peuvent plus lutter contre la puissance des filières immobilières des géants du BTP. Par ailleurs, les nouveaux arrivants sans qualifications ont peine à trouver du travail, sur un territoire où il est déjà rare pour les locaux de trouver un bon poste…

Tout cela risque de faire très vite de notre petit paradis, un mauvais rêve… Et dans dix ans les mêmes qui auront exploité notre pays s’en trouveront un autre territoire à bétonner, ce jour où la côte basque ressemblera pour toujours à la Côte d’Azur, aussi criminalisée, aussi artificielle, aussi surpeuplée, aussi inégalitaire…

Cependant, alors que tout cela se déploie sous nos yeux comme une onde malsaine, Bruno Carrère a pris une décision qui fera date dans l’histoire du Pays Basque et qui rappelle qu’Ustaritz a souvent été à la pointe de la défense de la culture, de la fierté et de l’identité depuis les frères Garat en 1789.

Nous espérons que d’autres maires, et pourquoi pas les 158 maires de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque se dresseront, et qu’ensemble ils redéfiniront les règles justes d’obtention des logements sociaux et des parcelles en privilégiant la classe moyenne native : une population née ici qui ne porte pas forcément un nom basque, qui ne parle pas forcément l’Euskara, mais qui connaît l’identité basque, le caractère farouche, le goût du travail bien fait, de la nature préservée et de l’honneur partagé, qui les respecte et qui a le désir de voir grandir ses enfants ici, sur le sol de ses ancêtres, et pour autre chose que les fichues qualités touristiques du Pays Basque, ce tourisme qui fait vivre à peine 5% de la population active si on lisse l’activité sur l’année, mais qui nuit à 95% des résidents qui n’ont rien demandé. Misons plutôt sur les industries à forte valeur ajoutée !

D’autant que le G7 à venir va encore médiatiser notre pays et que le prix de l’immobilier va encore exploser…

Bruno Carrère est donc un héros moderne, il sait qu’il joue son mandat, mais il agit selon ses convictions, courageusement, et pour cela nous lui disons : bravo !

D’autant que les logements qui ont été créés à Ustaritz ont au moins un style basque et ne ressemblent pas aux HLM des années 70 revisités que l’on voit fleurir ailleurs. Nous ne défendons pas une architecture qui reprendrait comme une caricature du néo-basque à l’infini, mais une architecture imaginative qui ne nierait pas non plus totalement le style labourdin, souletin ou bas navarrais pour fabriquer des résidences sans âmes. Il nous semble que les architectes locaux, dont le talent manque moins que les marchés publics, sauraient tout à fait innover dans les termes de ce cahier des charges, en alliant tradition et innovation, et en nous surprenant de belles façons.

Ainsi, en disant non à la spéculation qui ronge son village, Bruno Carrère a adressé un message sociétal et politique fort et courageux à l’ensemble de la communauté basque.

Nous espérons que ses opposants politiques comprendront l’intérêt collectif de soutenir sa démarche, et que les natifs d’Ustaritz qui voulaient sincèrement faire bénéficier de leurs terres à leurs enfants trouveront les moyens de le faire en toute concorde et en toute transparence…

Que les autres ne s’inquiètent pas, la valeur de leur foncier ne va pas s’effondrer, ce qui est rare est cher, et plus ils attendront, plus leur patrimoine se valorisera…

Ils remercieront peut-être Bruno Carrère pour sa décision, dans quelques années.

Pour l’heure, nous lui témoignons toute notre admiration pour son courage et sa ténacité.

© Franck Sallaberry pour l’Institut Pays Basque Excellence / Crédit Photo : Merci la Communauté d’Agglomération Pays Basque.

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