
Anne Marie Pedoussaut :
une Présidente qui fait Mus…
La force et le sourire du Pays basque à Bordeaux
À la tête de la Maison Basque de Bordeaux, Anne-Marie Pedoussaut incarne avec conviction et générosité cette génération de passeurs de culture qui font vivre l’identité basque loin de ses terres natales. Présidente et responsable de la communication de cette institution emblématique, elle a su faire de ce lieu un véritable carrefour culturel, un foyer vivant de mémoire et de modernité au cœur de la Gironde.
Une femme de lien et d’action
Derrière son sourire bienveillant et son énergie tranquille, Anne-Marie Pedoussaut est une femme d’engagement au service de sa communauté. Depuis plusieurs années, elle coordonne et anime la vie de la Maison Basque avec un souci constant de transmettre, de fédérer et d’ouvrir. Cours de langue basque, ateliers culinaires, concerts, expositions, conférences ou encore fêtes traditionnelles : sous son impulsion, l’association a su s’adresser aussi bien aux anciens qu’aux plus jeunes, aux néophytes qu’aux initiés. Elle agit comme un trait d’union entre les générations, les cultures, les disciplines.
Une passion chevillée au territoire
Si Anne-Marie Pedoussaut vit et agit à Bordeaux, c’est le Pays basque qui l’habite. Sa connaissance intime des traditions, son attachement aux valeurs d’entraide, de fierté collective et de transmission, irriguent tous ses projets. Elle s’attache à valoriser les savoir-faire, la langue, les chants, l’artisanat, tout ce qui constitue l’âme d’un peuple. Son objectif n’est pas seulement de conserver une culture, mais de la faire vibrer au présent, dans un dialogue constant avec la ville, les institutions, les artistes, les jeunes générations.
Une ambassadrice d’une culture basque ouverte sur le monde
Grande amatrice de musique, de danse et de pratiques artistiques vivantes, Anne-Marie Pedoussaut porte un regard curieux et éclairé sur les influences croisées entre la culture basque et les cultures du monde. Elle s’intéresse particulièrement à la manière dont la culture basque a inspiré des traditions musicales, chorégraphiques et festives dans les pays où la diaspora est historiquement forte — en Amérique latine, aux États-Unis, ou encore aux Philippines — mais aussi à ce que ces pays ont apporté en retour. Dans sa vision, l’identité basque ne se referme jamais sur elle-même : elle s’enrichit des échanges, des métissages, des résonances. Elle milite ainsi pour une culture basque contemporaine vivante, évolutive, enracinée mais perméable, qui continue à s’inventer dans le dialogue avec les autres.
Une figure inspirante pour la diaspora basque
À travers son parcours, Anne-Marie Pedoussaut est devenue une référence pour tous ceux qui souhaitent garder un lien fort avec leur culture d’origine, sans renoncer à l’ouverture sur le monde. Son action exemplaire contribue à renforcer les liens entre Bordeaux et le Pays basque, mais aussi à offrir une image contemporaine et vivante de l’identité basque. Grâce à elle, la Maison Basque n’est pas seulement un lieu de mémoire, mais un laboratoire d’avenir, où se construisent des ponts entre traditions et innovations, enracinement et rayonnement.
Une excellent joueuse de Mus qui fait mouche…
Même si elle ferait une excellente joueuse de poker au caractère bien trempé, c’est culturellement le Mus et ses compétitions qui la font vibrer. Normal quand on connaît ce jeu à la fois stratégique et théâtral. Comme vous le savez le Mus est un jeu de mise, de probabilités, de communication (par signes convenus) et de bluff parfois éhonté. Le Mus est un jeu rapide et franc, avec beaucoup de place pour la mise en scène et les plaisanteries, en raison du mode de communication par mimiques souvent drôlatiques du visage. Il est caractéristique d’y entendre parfois un joueur clamer « hordago ! », afin de forcer l’adversaire à choisir entre le laisser gagner quelque points ou de prendre le risque de perdre la partie sur ce seul coup. Un jeu donc taillé pour cette femme qui aime à la fois relever les défis, tisser des stratégies et les rires d’une franche camaraderie.
Ambassadrice discrète mais déterminée, Anne Marie Pedoussaut porte haut les couleurs d’une culture qu’elle sert avec amour, humilité et efficacité. Anne-Marie est sans conteste l’un des visages les plus lumineux de cette diaspora basque qui continue d’écrire, loin du littoral natal, de belles pages de transmission et de fierté collective.
© Franck Sallaberry pour Pays Basque Excellence
Son AUTOBIOGRAPHIE
Je suis née et j’ai grandi dans une ferme à Bardos, village du pays Charnegou, dans un temps, les années 50-60, où nos parents parlaient en français, basque ou occitan selon leurs interlocuteurs. Mais le monolinguisme avait fait son œuvre, et nul ne jugeait utile de transmettre nos langues régionales aux enfants.
Orpheline de père à 12 ans, et alors que ma mère n’avait aucun revenu, j’ai travaillé durant les vacances ou le week-end dès l’âge de 15 ans pour gagner une indépendance financière qui m’a permis de décider de mon avenir. Peu de jeunes de ma génération, enfants de paysan, ont accédé à des études supérieures longues. Les perspectives de débouchés déterminaient grandement nos choix d’orientation. Avec un profil littéraire, « Faire du droit » permettait de viser les concours administratifs et de gravir quelques échelons de la hiérarchie sociale à condition d’accepter une mobilité géographique.
Après 3 merveilleuses années en internat à Bayonne, me voilà donc à l’Université de Pau, une université à taille humaine, véritable creuset culturel. Mes très nombreux ami-e-s étaient landais, béarnais, bigourdans, africains, et basques bien sûr.
Une année de formation en ressources humaines au Celsa, grande école au sein de la Sorbonne, complétera ma maîtrise de droit public et me conduira à intégrer la Direction des Relations du Travail au sein du Ministère du Travail et de l’Emploi. J’y ferai toute ma carrière sur divers postes, à Paris durant 7 ans, puis à Bordeaux au sein des services déconcentrés, en bifurquant vers les métiers de la gestion de l’information et de la communication sur les 10 dernières années.
Mon goût pour les relations sociales et la convivialité m’a amenée à m’investir, d’une part, dans le syndicalisme sur le champ de l’action sociale, et, d’autre part, dans l’organisation de manifestations et de voyages pour mes collègues de travail.
Ces expériences tant professionnelles qu’associatives me sont fort utiles aujourd’hui dans mon rôle de présidente de la Maison basque de Bordeaux.
Durant toutes ces années, plus ou moins loin du Pays basque, j’ai toujours profondément ressenti mon identité basque. Compte-tenu de l’importance du chant dans nos traditions il était normal que ce soit par son biais que j’intègre la Maison basque.
J’ai découvert un lieu exceptionnel, une grande maison située dans le cœur historique de Bordeaux. De nombreux bénévoles passionnés m’ont aidée à prendre conscience de l’importance de défendre et de faire connaître la culture basque dans toutes ses composantes.
Travailler aux côtés de David Mugica président durant 7 ans, aujourd’hui encore à mes côtés comme vice-président, a constitué une expérience déterminante. Son esprit entrepreneurial associé à mon appétence pour le commerce nous ont permis notamment d’ouvrir une boutique épicerie fine de produits basques puis un restaurant bar à tapas. Topa est désormais un lieu incontournable pour de très nombreux jeunes bordelais, et la Maison basque qui l’abrite est devenu un lieu débordant de vie.
Grâce aux revenus de cette activité commerciale exercée sous un statut coopératif, la Maison basque a franchi un cap décisif. Au-delà des nombreuses activités culturelles et sportives, de la participation à des grandes manifestations bordelaises (fête du fleuve par exemple), nous organisons de très nombreux événements culturels.
Notre seconde saison culturelle, dont le titre est le Pays basque au féminin pluriel, comprend une quinzaine d’événements, concerts, films, expositions, conférences, tous gratuits.
Accompagnée par plus de 50 bénévoles investis au quotidien, j’ai la chance de pouvoir apporter ma modeste contribution au rayonnement et au partage d’une culture tellement attachante et riche.
VOUS
Quel héros vous fascinait quand vous étiez enfant ?
Mon père parti trop tôt, qui chantait l’opérette en travaillant du matin au soir.
Quelles sont les valeurs qui vous sont essentielles ?
L’engagement, l’empathie, la droiture, la générosité
Quel souvenir aimeriez-vous laisser à ceux que vous aimez ?
Quelqu’un d’ouvert au monde et aux autres, d’épanouie et engagée.
Quels sont selon vous les clés du bonheur personnel ?
Être ouverte au monde et aux autres, savoir donner et recevoir, se sentir utile, aimer et se sentir aimée
VOTRE MÉTIER
Quel a été votre premier job dans la vie ?
Gérer l’élevage des lapins de la ferme m’a permis d’acheter une mobylette à 13 ans pour pouvoir enfin aller voir des ami.e.s
À quoi ressemble une de vos journées de travail aujourd’hui ?
Mon poste de présidente nécessite une forte implication. Les tâches sont très diverses, relevant de multiples domaines faisant appel à une large palette de compétences. La communication est prédominante, sont prégnantes aussi les relations avec les adhérents, les bénévoles et responsables d’activité, les partenaires, les institutions. Pas de routine, chaque jour est nouveau.
Quelles sont les qualités professionnelles que vous appréciez ?
L’Implication et l’esprit d’initiative, la loyauté et la capacité à se remettre en question.
Quelles sont selon vous les secrets du succès professionnel ?
L’épanouissement me semble bien plus important que le succès. J’ai toujours privilégié l’intérêt de mon travail à la réussite professionnelle, le travail en équipe aux relations hiérarchisées.
VOTRE PAYS BASQUE
Quel est votre meilleur souvenir au Pays Basque ?
Difficile de choisir parmi de très nombreux moments inoubliables. Les soirées entre amies de lycée dans une grange ancienne en bord de Nive à Itxassou.
Quels sont les lieux que vous aimez fréquenter ici ?
Parcourir la campagne et ses beaux villages, toutes nos montagnes avec les camaïeux de verts parsemés de tâches blanches de nos brebis manech. Mais aussi le vieux Bayonne tellement chargé de bons souvenirs, Saint Jean de Luz, Hendaye pour ses plages et sa proximité d’Hegoalde.
Comment définiriez-vous l’identité et la culture basques ?
Des valeurs humaines, un esprit coopératif, une langue, une architecture, des traditions festives faisant la part belle au chant et à la danse, un art de vivre tous ensemble les uns avec les autres et non pas les uns à côté des autres.
À quoi ressemblerait votre Pays Basque Idéal ?
Que ceux et celles qui naissent au Pays basque aient la possibilité de bien vivre dans leur pays s’ils le souhaitent. Que la création et l’innovation portées par tous, y compris la diaspora, permettent à la culture basque de rester vivante et intemporelle.
VOTRE QUESTION
Quelle question aimeriez vous poser si vous étiez sûr(e) d’avoir la réponse ?
Quelles sont les raisons de garder foi en l’avenir de l’humanité ?